Utilisation de la toxine botulique dans le bruxisme

Définition

La toxine botulique est une substance naturelle sécrétée par le Clostridium botulinum qui diminue la contraction des muscles en bloquant la jonction neuromusculaire (action myorelaxante).

Depuis 1975, les médecins utilisent la toxine botulique pour corriger le strabisme de l’enfant, les tics du visage et les clignements incontrôlables de l’oeil. En France, les premières autorisations de mise sur le marché (A.M.M.) sont apparues à partir de 1990 pour certaines indications pathologiques (blépharospasme, paralysie spastique, syndrome de Frey…).

Principe

C’est la propriété relaxante de la toxine botulique qui est recherchée ici. L’injection de toxine, en réduisant l’activité des muscles de la mâchoire, déconditionne la praxie (le tic).

Objectif

L’objectif essentiel de ce traitement est d’empêcher le bruxisme en diminuant suffisamment la force de contraction musculaire des muscles masticateurs.
Le tic (praxie) n’est alors plus possible au bout de quelques jours. Le(a) patient(e) sent sa force masticatoire diminuer progressivement. Les injections intramusculaires de toxine botulique permettent en rétablissant l’équilibre entre les muscles abaisseurs et élévateurs de soulager les douleurs articulaires et musculaires, de corriger l’hypertrophie massétérine avec amélioration des contours du visage et de rétablir une cinétique normale des articulations temporo-mandibulaires.

Avant les injections

Aucune préparation particulière n’est nécessaire.
Le jour de l’injection, vous n’avez pas besoin d’être à jeun. Il est très important de minimiser les risques de saignement des régions traitées en évitant de prendre de l’aspirine pendant les 15 jours qui précédent les injections et les 15 jours suivants.

Il convient de respecter les contre-indications suivantes :

  • certaines maladies neuromusculaires comme la myasthénie.
  • la grossesse et l’allaitement : le fait d’être enceinte, même de quelques jours seulement, nécessite impérativement de repousser la date des injections après la grossesse et l’arrêt de l’allaitement éventuel. Il convient par conséquent en cas de doute d’effectuer les examens nécessaires et d’en communiquer les résultats à votre médecin.
  • l’hypersensibilité connue à la neurotoxine botulinique A ou à la sérum-albumine
  • le traitement par les aminosides (famille d’antibiotiques dont font partis notamment l’Amiklin® et la Gentalline®).

Il convient aussi de respecter un certain nombre de précautions :

Si vous êtes soigné(e) par ailleurs par des injections de toxine botulique pour des spasmes pathologiques, si vous avez eu un épisode de paralysie des muscles de la face, si vous souffrez d’une maladie neuro-musculaire ou de troubles de la coagulation, vous devez en faire part au praticien qui vous prend en charge. Celui-ci jugera alors avec votre médecin traitant de l’opportunité de vous faire des injections de toxine botulique.

Si vous prenez des médicaments de type anti-coagulants, aspirine ou antibiotiques, ou si vous avez un ennui de santé quelconque (notamment infection, grippe, abcès dentaire…) vous devez impérativement en faire part à votre médecin avant l’injection.

D’une manière générale, vous ne devez pas hésiter à mentionner à votre praticien le moindre problème de santé rencontré afin que celui-ci apprécie l’opportunité des injections. De même, vous devez lui faire part de toutes vos interrogations et mentionner tous les traitements dont vous faites ou avez pu faire l’objet.

Type d’anesthésie

Aucune anesthésie n’est nécessaire.

Déroulement des injections

Le traitement sera réalisé au cabinet du praticien.Ce traitement consiste en une série d’injections au niveau des muscles hypertrophiés. L’aiguille est fine, et les injections sont habituellement peu douloureuses.

Après les injections : les suites

Pendant les deux heures qui suivent les injections, il vous est recommandé de ne pas faire de sport intensif et de ne pas vous allonger. Il convient également d’éviter les manipulations du visage ou les massages appuyés pendant les 24 heures qui suivent la séance. Il est très important de minimiser les risques de bleus ou de saignement des régions traitées pendant les quinze jours qui précèdent et les quinze jours qui suivent les injections (afin de limiter le risque de fuite du produit vers les muscles périphériques ce qui risquerait d’entraîner des effets non désirés). Les patient(e)s peuvent reprendre leurs activités normalement après les injections. Quelques rares effets indésirables peuvent apparaître. Ils sont transitoires.

Il peut s’agir de :

  • une rougeur localisée aux points d’injection a été parfois signalée et persiste rarement au delà de 3 à 6 jours.
  • des ecchymoses (bleus) sont en fait rarement observés au niveau des zones d’injection mais lorsqu’ils apparaissent, ils peuvent perdurer quelques jours.
  • des troubles de la sensibilité : une sensation de tension ou de fixité de la bouche ou du cou, suivant les zones injectées, ainsi qu’une modification de la sensibilité souvent liée à une sensation de cartonnement pouvant persister plusieurs jours
  • des douleurs fugaces faciales au niveau des zones injectées ont été décrites très exceptionnellement.

Quoiqu’il en soit, dans les suites de ces injections, n’hésitez surtout pas à recontacter votre praticien si vous avez la moindre inquiétude.

Le résultat

Le résultat consiste en la disparition des praxies et des douleurs : il est obtenu trois à quinze jours après les injections. Le résultat obtenu après la première séance dure en moyenne 3 à 6 mois au terme desquels, l’injection doit être renouvelée dans un tiers des cas.

Fréquence des injections : lorsque les injections doivent être répétées, elles sont pratiquées avec des intervalles de 4 à 6 mois afin d’obtenir une certaine stabilité du résultat. A partir de la deuxième injection, les résultats peuvent être plus durables (6 à 8 mois).

Il est cependant recommandé de ne jamais rapprocher à moins de 3 mois les séances d’injections pour éviter notamment de créer une résistance au produit pas un « effet vaccin ». L’aspect du résultat peut être stabilisé dès la première injection mais dans certains cas, il convient d’avoir recours à d’autres injections pour obtenir une certaine stabilisation du résultat. A l’inverse, il convient de remarquer que si l’on arrête les injections, le muscle traité retrouve sa fonction d’avant les injections.

COMPLICATIONS LOCO-REGIONALES :

Maux de tête : ils peuvent être présents au décours des premières injections et disparaissent au bout de quelques heures à quelques jours. Lorsque le produit diffuse aux muscles superficiels de la face (chez 7 % des patient(e)s), il existe un sourire « figé » pendant environ 6 à 8 semaines.
Contraction paradoxale d’un muscle et troubles de la mimique : dans les jours suivants l’injection, les muscles traités peuvent présenter quelques mouvements paradoxaux (contractions spontanées) sans gravité.

COMPLICATIONS GENERALES

Elles sont tout à fait exceptionnelles :

  • réaction allergique : éruption cutanée, urticaire, réaction allergique générale.
  • nausées, vertiges – fatigue, fièvre, syndrome grippal
  • sécheresse cutanée ou buccale.

A ces risques connus s’ajoutent les imprévisibilités de durée, enfin, les risques exceptionnels, voire même des risques inconnus inhérents à tout acte médical. Récemment, quelques cas on été décrits dans le monde (sur plusieurs millions d’injections annuelles) de décès. Au total, il ne faut pas surévaluer les risques, mais simplement prendre conscience que toute injection au niveau du visage comporte toujours une petite part d’aléas.
Le recours à un praticien qualifié vous assure que celui-ci a la formation et la compétence requises pour savoir minimiser ces complications, où les gérer au mieux le cas échéant.